Mendoza, terre de vignobles et des meilleurs vins du continent. Un terroir privilégié, des sols fertiles sur les premières pentes de la cordillère des Andes, un climat rude et plutôt sec et enfin une eau à disposition en abondance et canalisée pour irriguer pendant la période sèche. Alors que l’agriculture est largement intensive, utilisant de nombreux agro-toxiques, certains ont opté par conviction ou opportunité pour une agriculture respectueuse de l’environnement. Petit tour de ces bodegas à part qui ont croisé mon chemin.
Un Bio familial chez Cecchin
Depuis le milieu de XXème siècle, sur les communes de Maipu et de Lujan de Cuyo, la famille gère 78 hectares de vignobles sans utiliser de produits chimiques de synthèse. Ce choix depuis le début s’est fait en toute logique. Pour Alberto, le gérant et propriétaire de la Bodega Cecchin, mais aussi le naturaliste, le respect de la nature passe avant tout. C’est la première bodega qui a installé une installation pour traiter les effluents agricoles. Inter-rangs enherbés, utilisation de fruitiers pour l’attraction des insectes hors de la parcelle, sont quelques-unes des techniques utilisées pour limiter la pression de ravageurs et pour obtenir 100% de la production certifiée Bio depuis 2001 (par la OIA Organisation International Agropecuaria). La qualité de ces raisins se fait est privilégié à la quantité. Le rendement est ainsi bien inférieur au standard régional et se situe à 4500l/ha. Les 450 000 litres annuels donnent naissance à deux gammes de vins, de 9 variétés, dont la production unique en Argentine de la Graciana. Un vin est « naturel », c’est-à-dire vinifié sans utiliser de sulfite (ce stabilisateur dont l’effet sur la santé est non négligeable). La moitié est consommé par le marché national.
Commerce équitable chez Furlotti
Gabriella Furlotti relança en 2005 la bodega familiale en lui donnant une dimension solidaire. Ce nouveau projet a pour ambition de protéger les petits producteurs viticoles qui sont en train de disparaitre au profit de grandes propriétés. Sous l’impulsion de la Bodega Furlotti, un groupe de 15 exploitations viticoles s’est constitué en association VIÑASOL (21 associés). Chacun d’eux est certifié « Commerce équitable » par FLO (Fair Labor Organization) et respecte un certain nombre de critères socio-environnementaux. En amont, la bodega, elle aussi certifiée depuis 2005, achète les raisins sur la base d’un prix de base fixé par FLO, augmenté d’une prime de 0,05$/kg. Cette prime gérées par Viñasol est destiné à développer des projets sociaux au bénéfice des associés : aide en cas de problème de santé, achat de matériel spécifique sont quelques-unes des utilisations récentes de ce fond solidaire. L’Argentine, le Chili et l’Afrique du Sud sont les seuls pays produisant du vin équitable. La demande en vin « équitable », notamment de Suède, stagne voire en diminution. Actuellement, la production est de 100 000 bouteilles provenant de quelques 120 hectares (en majorité de variété Malbec). La Bodega Furlotti s’est récemment associée à 4 autres domaines, dont Cecchin précédemment présenté. Ce groupe dénommé SOMOS, où chaque domaine a sa spécificité, cherche a développer de synergies commerciales.
Une autre dimension chez Bousquet
Jean Bousquet, un émigré audois (!) a installé ce grand domaine depuis 1997 sur la commune de Tupungato. Bénéficiant d’un terroir unique à plus de 1200m d’altitude, et de conditions propices, il a petit à petit développé une production biologique de haut de gamme. Aujourd’hui, c’est le premier producteur de vins biologiques en Argentine. Sur plus de 230 hectares, 95% des vignes sont certifiées Bio. Ils complètent la production du Domaine Bousquet par l’achat de raisins Bio à d’autres propriétés, atteignant plus de 4,5 millions de litres par an. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le domaine emploie pas moins de 85 personnes, jusqu’à 120 en haute saison. Une partie de la production est certifiée depuis 2014 en « Commerce équitable » par Fair Trade. 25 vins sont en production, de 3 gammes différentes. 95% sont exportés vers plus de 40 pays. En plus de la bodega grand luxe ouverte au public pour visite/dégustation, le Restaurant Gaia sert une gastronomie fusion accompagnée évidemment d’un assortiment de vins du Domaine. Un projet d’hébergement est aussi en projet. On a vu en grand chez Bousquet!
Un bon rosé Bio chez Ibarra
Proche de San Rafael, les 4 frères Ibarra ont développé une production artisanale, familiale et de petite échelle. Leur spécialité est le rosé haut de gamme, produit à partir de raisin Malbec, Tannat, Merlot ou Cabernet Sauvignon. Les 5 hectares en propriété de la Bodega Ibarra, plus l’équivalent de raisins achetés à d’autres propriétaires, donnent naissance à une gamme « jeune » et une gamme « premium ». Tous les vins sont Bio (certifiés par la OIA) et « naturels » (sans sulfites)! Toute la production (de 12000l/an en 2015) est consommé sur le marché national et local dont à des restaurants des environs eux aussi tombés sous le charme de ces vins. Chaque année, un nouveau vin est créé. Au-delà de la production de vins dans cette badega familiale, on y produit de fameuses confitures, alfajores, raisins secs, empanadas entre autres délices que l’on peut savourer au restaurant adjacent. un bon remontant avant de reprendre la selle du vélo et de remonter le majestueux Cañon del Atuel.
Je vous recommande les vins de ces quatre bodega, chacun avec sa spécificité, sa philosophie, ses prix. A consommer avec modération! Surtout à vélo!
2 réflexions sur “À MENDOZA POUR UN VIN (DURABLE)?”