ULTIMES ÉNIGMES ET MERVEILLES DES CHACHAPOYA

A l’occasion d’un détour pour rejoindre Cajamarca, me voici engagé dans la longue remontée de la rivière Utcubamba. De son embouchure avec la rivière Marañon (principal affluent du fleuve Amazone), c’est doucement que commence l’ascension de cette vallée sacrée de la culture pré-inca multimillénaire des Chachapoya. Par la richesse de ses attraits touristiques, naturels et culturels, la vallée mériterait bien qu’on y pose ses valises une semaine complète.

Conquis tardivement par les Incas, les « Chachas » ont développé entre 800 et 1200 AC de nombreuses techniques architecturales, agricoles, artisanales (céramiques, textiles, vannerie, orfèvrerie). Plusieurs de ces témoignages du passé sont visibles aujourd’hui grâce à l’étude de sites archéologiques et à la technique de momification. Cette dernière, utilisée par les Chachas puis perfectionnée par les Incas, a permis de conserver de manière exceptionnelle squelettes, parures et objets domestiques comme sacrés des Chachas défunts.

Une des sites principaux de cette culture est la forteresse de Kuélap, maladroitement qualifiée. En effet, il s’agirait en fait d’un lieu de pèlerinage et de villégiature. Ce site sacralisé par sa position stratégique et son organisation fût construit en plusieurs étapes. Au sein de la muraille haute de plus de 20 mètres par endroits, plus de 400 maisons et édifices circulaires y étaient protégés. Ils avaient vocation résidentielle et/ou rituelle. Des rites et cérémonies spirituelles du plus haut rang y auraient eu lieu, preuve en est la présence de fragments d’obsidienne et de coquilles de Spondylus. Après 3 heures de trek pour rejoindre le site situé à 3000 m sur un éperon rocheux dominant les vallées environnantes de l’Utcubamba et du Pingo, il me semble d’autant plus incroyable d’avoir acheminer quantité de pierres et rochers à cette altitude! Les Egyptiens n’ont qu’à bien se tenir.

 

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Sur proposition d’investisseurs et du gouvernement péruvien, le site (et la vallée?) est à l’orée d’un grand changement : la construction d’un téléphérique pour rejoindre plus rapidement le site perché. Dès 2016, il est prévu de tripler le nombre de visiteurs à plus de 100 000 par an. Cet investissement majeur dans le département Amazonas serait partie prenante d’un projet de développement d’une route touristique dans le Nord péruvien (incluant les sites de Trujillo, Chiclayo, Cajamarca), afin de décongestionner le Sud (Cuzco-Macchu picchu, Nazca, Titicaca, Atacama). En quoi et comment la communauté locale va bénéficier de ce chamboulement régional?

Heureusement, il est encore possible de jouir de ces lieux paisibles, à la population très aimable. En particulier à Leymebamba, où je rencontre 3 autres français tombés amoureux du lieu, je découvre un endroit propice à l’aventure et la découverte. Situé en haut de la vallée de l’Utcubamba, ce village paisible a vu son cours chamboulé en 1997 lorsqu’un gisement de momies sera découvert à quelques dix kilomètres. Les pièces exceptionnellement bien conservées et momies issues de la Laguna de los Condores sont bien gardées et chouchoutées au Musée communautaire de Leymebamba, devenues aujourd’hui un déclencheur de la fierté et de l’identité de ses habitants.
Depuis cette découverte primordiale, outre le développement raisonné de l’économie locale, les habitants se sont intéressés à leur patrimoine et identité tout à coup visible et palpable.

« On se dit qu’on a sûrement quelque chose en commun avec ces momies », nous indique une habitante le sourire aux lèvres.

Chaque membre de la communauté, enfants compris, ont ainsi contribué à la construction du Musée situé à 3 km du centre, pour éviter toute délocalisation. « Ces objets constituent notre patrimoine, et nous avons voulu le conserver près de nous », nous indique la conservatrice du Musée. Au-delà du Musée qui vaut vraiment le déplacement, il y a plein d’autres activités à faire dans ce coin : sports d’aventure et trekking, visite de sites archéologiques, partage de la vie des locaux.

Idées Tourisme responsable et rural avec l’association de tourisme communautaire de Cocachimba à actcgocta@hotmail.com (trek à cascade Gocta 3ème plus haute du Monde, gîte et restauration, patrimoine local), Doña Teodula Rocha Muñoz et l’association de tourisme de Kuélap à turismo_kuelap@hotmail.com (visite site archéologique, gîte et restauration, artisanat) ou encore Sr. Jabier Farje à Leymebamba à jabierfarje@hotmail.com (trek ou cheval à Laguna de los condores, visite de sites archéologiques) afin d’être acteur de la conservation du patrimoine et de l’amélioration des conditions de vie locales.

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